Implanté dans le département des Landes, le Technopôle Domolandes œuvre pour l’essor de jeunes entreprises spécialisées dans les domaines du numérique et de la construction durable. Entretien avec son Directeur général, Hervé Noyon, pour découvrir les missions et ambitions du technopôle et comment l’innovation qu’il soutient peut booster la transition écologique à l’échelle du territoire.
Domolandes se présente comme un Technopôle d’innovation, pouvez-vous nous en dire davantage sur votre rôle ?
Domolandes est une société publique locale (SPL) qui existe depuis 2010. Elle a été créée à l’initiative du département des Landes et de la Communauté de communes Maremne Adour Côte-Sud pour booster le développement territorial par l’innovation. Pour cela, elle réunit des collectivités, des entreprises et des établissements de l’enseignement supérieur via des projets innovants. L’idée de départ a été de créer un grand parc d’activités avec une vocation manufacturière. C’est-à-dire, créer des entreprises et des emplois dans le secteur de la construction durable et de l’aménagement, avec une disposition technologique.
En d’autres termes, Domolandes est un acteur social qui œuvre pour la promotion des technologies innovantes.
Quelles sont concrètement les actions que vous menez en ce sens ?
Nous avons aujourd’hui plusieurs façons de nous exprimer. Pour environ un tiers de notre activité, nous le faisons via notre offre immobilière en hébergeant des entreprises : nous leur proposons de la location ou de l’aide à l’investissement.
Domolandes est un lieu structurant économiquement car nous accueillons 35 entreprises différentes (des startups, des jeunes acteurs…) sur notre site. Ce dernier se trouve lui-même au cœur d’un parc d’activités de 300 hectares qui regroupe plus de 100 entreprises pour plus de 2 000 personnes. L’idée pour les structures que nous accueillons est à terme – nous les hébergeons pour une durée maximale de 6 ans – d’investir pour elles-mêmes sur le site.
L’autre volet de notre activité, pour les deux tiers restants environ, est l’accompagnement au développement entreprises. Cela se manifeste de différentes manières :
Des animations au quotidien : ateliers, rencontres, événements…
La détection et l’attraction des start-up.
La constitution d’un écosystème d’entreprises innovantes.
L’organisation du Grand Prix de l’Innovation Construction Durable & Cadre de Vie, au sein duquel nous collaborons depuis quelques années avec Construction21 notamment.
Du conseil : nous partageons nos connaissances et notre expertise sur les questions liées au numérique, par exemple.
Domolandes
À quels défis principaux sont confrontés les acteurs de la construction durable sur votre territoire aujourd’hui ?
Tout l’enjeu aujourd’hui, c’est de faire la différence et se démarquer des autres. C’est en cela que l’innovation est importante.
Il existe des spécificités locales dans le département des Landes qui est très industrialisé, contrairement à ce que l’on pense communément : industrie aéronautique, agroalimentaire, forestière, etc. Le défi de ce territoire, dans le secteur de la construction notamment, c’est de parvenir à valoriser au maximum les ressources locales existantes – pins maritimes, argile, chanvre, plumes de canard… – et proposer des circuits courts. Il faut donc travailler à inventer de nouveaux modèles permettant d’être compétitifs et construire avec nos propres matériaux. Plus largement, il est très important de prendre en compte les matériaux biosourcés présents naturellement sur notre territoire car nous sommes très bien pourvus à ce niveau. La valorisation des ressources locales est d’ailleurs l’un des pôles d’expertise de Domolandes.
En quoi l’innovation est-elle aujourd’hui déterminante pour répondre à l’urgence environnementale ? Quelles sont ses limites ?
L’innovation comme moteur de développement territorial est le fondement même de Domolandes, ce pour quoi le pôle a été créé au départ. Nous avons fêté nos dix ans d’existence en 2020, et sur ces dix dernières années, nous avons été précurseurs sur deux éléments majeurs liés à l’innovation :
L’espace de construction virtuelle, avec la première salle immersive de France où il est possible de travailler sur des maquettes numériques pour simuler des projets de construction ;
L’organisation du grand prix de l’innovation dont nous avons parlé précédemment. La première édition a eu lieu en 2011 quand ce type d’événements était encore très peu répandu. Nous lancerons la 12ème édition en 2023.
Pour moi, il n’y a pas de limites à l’innovation. La seule limite, c’est l’homme !
Le numérique est porteur de nombreux espoirs dans le secteur de la construction durable, constatez-vous sa progression ? Comment accompagner ce phénomène ?
Dans notre concours, il y a cinq ans, un projet sur deux était un projet porté sur le numérique, et une catégorie y était même dédiée. Aujourd’hui, cela n’est plus vrai. Le numérique est devenu un outil au service de nouvelles préoccupations – les matériaux biosourcés, l’économie circulaire, la gestion des déchets… – tandis qu’avant, il constituait lui-même l’innovation.
Domolandes
Je constate tout de même que l’appui sur le numérique pour booster l’innovation est assez lent en France comparé à l’étranger. Pour y remédier, nous avons créé une société pour prolonger l’action de Domolandes dans l’accompagnement numérique des acteurs : HUBICS. Nous constatons une véritable progression sur ces questions depuis quelques années, notamment dans les grandes métropoles françaises.
Au niveau des territoires, nous avons créé le « réseau BIM » pour favoriser la multiplication de ce type de projets au côté de 5 autres acteurs (le Pôle de Compétitivité Fibres-Energivie dans le Grand Est, le Cluster NOVABUILD en Pays de la Loire, l’Incubateur Hub TEN en Normandie, le cluster Cap Construction en Belgique et le Pôle d’Innovation Neobuild au Luxembourg).
Plus généralement, il y a eu une prise de conscience à la suite de la progression de la data dans nos filières et la nécessité de la gérer.
Le numérique permet enfin de mieux faire comprendre un projet et le partager plus facilement entre les acteurs qu’il concerne : c’est pour cela que chez Domolandes, nous appelons le BIM numérique le « BIM citoyen ».
Un exemple d’une innovation qui vous a bluffé ces dernières années ?
Sur les plus de 1 000 projets et les 25 lauréats de toutes les éditions de notre Grand Prix de l’Innovation Construction Durable & Cadre de Vie, on remarque beaucoup d’acteurs traitant de la question de l’énergie, puis de celle des matériaux. Dernièrement, c’est la thématique de l’énergie circulaire qui émerge. Nous avons notamment récompensé Néolithe, une startup qui récupère les déchets ménagers pour en faire des granulats de béton. Aujourd’hui, cette structure intervient dans les cours donnés par l’ESTP pour faire que de jeunes ingénieurs deviennent entrepreneurs à leur tour.
Un autre exemple, la startup MatterUp qui perce aujourd’hui sur le plan national et international, a débuté chez nous. Au départ, nous lui avons fourni un bureau, puis un atelier, jusqu’à lui construire sa propre usine qui a été inaugurée en 2022. C’est une véritable fierté pour nous d’avoir accueilli une startup au stade de concept qui a pu progresser de la sorte dans notre écosystème.
En 2022, j’ai également été bluffé par Equium, qui produit de la chaleur et du froid grâce à une technologie thermo-acoustique. C’est le déplacement des ondes du son d’une musique qui produit de l’énergie !
Quels projets préparez-vous pour 2023 ?
L’un de nos défis sera de progresser avec le laboratoire de recherche – consacré la data, l’IA, le BIM… – que nous avons créé au sein de Dolomandes et qui est opérationnel depuis le 1er septembre dernier. C’est le prolongement de notre démarche dans l’expertise numérique et construction.
Sur notre offre immobilière, nous allons progressivement passer d’un site de 5 000 m² à 20 000 m². Au premier trimestre 2023, nous livrons la première phase de l’éco-campus Domolandes. Tout cela nous permettra d’avoir une capacité d’accueil beaucoup plus importante pour l’innovation, et d’élargir encore nos disciplines : économie sociale et solidaire, service à l’industrie, santé, sports…
Enfin, nous avons pour projet de construire un centre d’enseignement et de recherche pour compléter le HUB d’innovation que constitue Domolandes. L’idée est de faire en sorte de rendre nos entreprises toujours plus fortes, par l’innovation.
Partenaire du Grand Prix de l’Innovation organisé par Domolandes, le média spécialiste du BTP Construction 21 interroge tous les 15 jours les finalistes de l’édition 2022.
Cette semaine, découvrez ou redécouvrez PURENAT, start-up basée à Anglet (64) et spécialisée dans la purification de l’air.
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PureNat, un textile révolutionnaire qui permet de purifier l’air des bâtiments
Chaque année depuis 2011, le Technopôle d’innovations Domolandes organise son Grand Prix de l’Innovation Construction durable et Cadre de vie, venant récompenser des porteurs de projets novateurs pour les villes et bâtiments de demain. Alors que les candidatures pour le concours 2023 sont ouvertes jusqu’au 30 juin prochain, nous revenons sur les finalistes de l’édition précédente dans une série de huit articles dédiés. Aujourd’hui, zoom sur PureNat, un nouveau matériau biomimétique aux propriétés étonnantes, puisqu’elles ont la capacité de détruire les polluants chimiques et les virus présents dans l’air ambiant.
Pouvez-vous présenter votre concept en quelques phrases ?
PureNat est une startup deeptech qui a développé, à partir d’un tout nouveau matériau biomimétique breveté, le premier textile du marché capable de capter et détruire les polluants organiques de l’air, 100% durable et intégrable à de nombreux types d’installations fermées.
L’innovation de PureNat « détruit » totalement les polluants chimiques, mais également les virus (ex : COVID 19), et les bactéries, alors que les filtres traditionnellement utilisés dans les applications visées fonctionnent sur un principe de stockage. Le matériau photocatalytique de ce filtre se régénère après l’élimination des polluants et par conséquent ne s’encrasse pas. Cette innovation majeure permet de limiter la production de déchets et de baisser significativement les coûts liés à l’énergie et à la maintenance de la gestion de la qualité de l’air. Il s’agit donc d’une réponse forte aux exigences actuelles des professionnels et des consommateurs quant aux impacts financiers et environnementaux.
Le textile développé par PureNat a été mis au point par sa fondatrice et présidente Natacha Kinadjian Caplat. Docteure en Physico-Chimie des Matériaux, elle travaille depuis plus de 12 ans sur la thématique de la Qualité de l’Air Intérieur. Elle s’est associée à Manon Vaillant, ingénieure en Biotechnologies pour créer PureNat qui se positionne comme un fabricant de semi-produit.
La technologie intégrable est adaptée sur mesure pour répondre aux enjeux de dépollution d’air des industriels et fabricants de multiples secteurs d’activités :
Système de traitement de l’air des bâtiments
Purificateurs d’air
BTP
Aérospatial
Automobile
Industrie
Dans quel but avez-vous lancé cette technologie ?
Il s’agit d’un enjeu de santé publique. En effet, la pollution de l’air intérieur est meurtrière : elle tue sept fois plus que les accidents de la route en France, elle est la deuxième cause de cancer du poumon après le tabagisme et la quatrième cause de décès dans le monde selon l’OMS. Les bâtiments sont aujourd’hui de mieux en mieux isolés et donc confinés : l’encrassement progressif des filtres dans les systèmes de ventilation induit une forte consommation d’énergie (30% du total pour un bâtiment). C’est ce constat qui a poussé PureNat à réfléchir à des solutions permettant de concilier les enjeux de santé liés à la qualité de l’air et les enjeux énergétiques.
Quels sont vos projets pour l’année 2023 ?
Actuellement, nous sommes en phase d’amorçage industriel. Nous développons une machine spéciale pour finir d’industrialiser notre textile qui détruit les polluants. Nous recherchons des industriels intéressés pour intégrer notre technologie dans leur produits finis et à qui nous proposons des pré-études de mise en forme sur mesure de la technologie. Nous espérons ensuite être prêts à commercialiser nos premières séries, à l’issue de ces pré-études, sur le dernier trimestre 2023.
Et à long terme, quelles ambitions ?
A long terme, nous prévoyons d’internaliser deux étapes sur trois dans notre procédé de fabrication et créer une usine de fabrication au Pays Basque. Nous souhaitons avoir la capacité de produire l’équivalent de plus de 1000 filtres par jour et ainsi intégrer notre technologie dans les systèmes à traitement d’air des bâtiments tertiaire et industriels en remplacement de certains filtres. Nous souhaitons également ouvrir l’accès à notre technologie auprès des secteurs aérospatial et automobile. Enfin, nous prévoyons de recruter une vingtaine de personnes sur les deux à trois prochaines années.
Que vous apporté votre participation au Grand Prix de l’Innovation ?
Domolandes est un incubateur spécialiste du secteur de la construction durable qui a la capacité d’identifier les « pépites », ainsi que les moyens d’aider ces innovations durables à voir le jour : un véritable tremplin ! Le réseau de Domolandes est un réel plus dans notre secteur.
Quant au Grand Prix de l’Innovation, c’est un concours d’envergure avec des candidats qui proposent des innovations de qualité en faveur de la construction durable et un jury d’experts engagés pour aller vers des pratiques plus vertueuses. L’expérience de notre participation a été très agréable, nous avons créé des liens entre candidats et jury, dans l’échange et la bienveillance. Être lauréat permet d’avoir de la visibilité avec une présence sur le MID lors de la phase finale, mais aussi d’obtenir un coup de pouce financier et un moyen de mise en avant auprès des parties prenantes du secteur.
Un autre projet finaliste qui vous a marqué ?
Le grand gagnant du concours, Caeli Energie, et son fondateur Rémi Pérony. Il s’agit d’une innovation remarquable portée par une équipe dynamique et pointue. Un projet à suivre de près !
C’est avec une grande douleur que nous avons appris, ce weekend, le décès de notre ancien directeur et fondateur du Technopôle Domolandes, Jean Fone Tchoura.
Visionnaire et entrepreneur créatif, Jean continuait à nous accompagner sur les projets d’extension de notre structure.
Toutes nos pensées vont vers sa famille et ses proches.