WIND my ROOF : des turbines innovantes pour vos toits

Construction 21, partenaire du Grand Prix de l’Innovation Construction Durable et Cadre de Vie 2020, a réalisé une série d’interviews des 9 finalistes du concours d’innovation organisé par Domolandes.  Aujourd’hui, c’est le tour de la start-up WIND MY ROOF qui propose une éolienne de toiture légère, discrète et surtout efficace.

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WIND my ROOF est une jeune start-up qui propose une solution innovante pour exploiter le vent en zone urbaine : une turbine de toiture horizontale, à installer sur des bâtiments à toits plats, la WindBox. Petite et insonore, elle peut même se placer aisément dans des zones dépourvues d’infrastructures électriques. L’idéal pour des entreprises ou des collectivités qui ont besoin d’une installation légère et rapide. Rencontre avec Antoine Brichot, l’un des deux fondateurs de WIND my ROOF.

1. En quoi consiste votre solution ?

Antoine Brichot : WIND my ROOF a mis au point une turbine de toiture innovante, qui permet de récupérer de l’énergie directement sur les toits. Nous avons développé un module standard qui se pose sur le bord de n’importe quel bâtiment à toit plat afin de capturer le vent qui remonte le long des façades.

L’énergie produite peut être autoconsommée, ou utilisée pour recharger des solutions de mobilité électrique, sur une installation on-grid, comme off-grid. La turbine est complémentaire des solutions pour toiture existantes, comme les toitures végétalisées ou les panneaux solaires. La WindBox peut également se substituer à ces derniers dans les régions moins ensoleillées, comme le Nord de la France.  Cela ne nécessite pas de surcoût particulier : il n’y pas besoin de changer le système électrique du bâtiment pour la mettre en place, ni de faire de gros travaux. Elle s’adapte à tout type d’environnement, et surtout, aux nouvelles règles environnementales plus strictes de RE2020 qui vont toucher le bâtiment.

Notre solution a remporté le prix de l’innovation d’un concours étudiant organisé par VINCI en 2017. Elle a également bénéficié d’une année d’accompagnement par Leonard, ce qui nous a permis de développer une turbine particulièrement adaptée aux besoins des clients. Depuis 2019, WIND my ROOF est également suivie par l’initiative Greentech Innovation du Ministère de la Transition écologique et Solidaire, par l’EIT InnoEnergy et la fondation Solar Impulse.

 

2. En quoi votre solution s’inscrit dans la transition écologique et énergétique urbaine ?

A. Brichot : Notre solution s’inscrit dans une démarche de réduction des émissions de gaz à effet de serre et permet aux professionnels et aux collectivités de consommer une énergie plus propre. Produite localement, l’énergie générée permet de réduire drastiquement sa consommation issue du réseau d’électricité classique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : avec 25gCO2/kWh, la WindBox permet de diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre liées à la consommation d’électricité en France et par 15 en Europe. C’est une diminution jusqu’à deux fois supérieure à ce que permettent les panneaux solaires.

Elle ne cause pas non plus de nuisance visuelle ou sonore. Cela représente un gros avantage pour l’environnement local et son installation.

3. Concrètement, à quoi ressemblent vos turbines ? Quelles sont leurs caractéristiques techniques ?

A. Brichot : les turbines ont la forme d’une boîte de 2m sur 2m et 1,5m de haut. Chaque module pèse moins de 200kg. Elles représentent un gain d’espace assez conséquent, puisqu’elles n’occupent que 4m², là où les panneaux solaires peuvent prendre entre 7 et 10m² pour produire autant d’énergie.

Elles fonctionnent pour une plage de vitesses de vent très large, allant de 10 km/h à plus de 100 km/h, permettant ainsi d’exploiter des vents toute l’année. Les turbines présentes dans le module, couplées aux panneaux solaires sur la carène, peuvent produire jusqu’à 2000 kWh par an d’électricité dans les zones les plus exposées. Leur installation est précédée d’une étude en amont qui s’appuie sur la mécanique des fluides : 20 ans de données météos y sont analysées, nous permettant de simuler l’écoulement de l’air dans une zone de 2km autour du bâtiment. Ce travail nous permet d’identifier la façade et les arêtes les mieux exposées, et de proposer une courbe de charge très précise sur l’année, mois par mois. Nous pouvons ainsi faire une estimation optimale de la production d’électricité de nos clients.

4. Pouvez-vous décrire une de vos réalisations emblématiques ?

A. Brichot : Nous avons répondu l’année dernière à un appel à projet à l’Espace Info de Paris la Défense, en partenariat avec VINCI Energies. Notre projet a été retenu et représente la première installation concrète de WIND my ROOF. Cette expérimentation, qui s’étale sur un an, représente l’aboutissement de deux ans de travail.

Ce projet consiste en l’installation de deux modules pour recharger des trottinettes électriques Lime sans raccordement au réseau. Les deux turbines proposent 900 recharges de trottinettes par an. Très emblématique et prometteur, le projet, installé il y a 3 mois, permet d’introduire de l’énergie verte dans des zones qui n’étaient jusqu’ici pas encore alimentées.

5. Quelles sont vos perspectives de développement ?

A. Brichot : WIND my ROOF s’est développée en deux temps : d’abord à petite échelle, avec une phase test de démonstration et peu de modules (4 ou 6 éoliennes), et aujourd’hui avec des projets plus importants, où nous nous adressons à des clients et grands groupes qui ont besoin de produire de l’énergie et disposent d’une grande surface exploitable.

D’ici 2022, nous prévoyons d’installer plus de 100 WindBox sur des projets de plus grande ampleur, composés de 20 à 30 modules et permettant ainsi de compenser une grosse partie de la consommation du bâtiment. Nous cherchons notamment des clients qui possèdent des entrepôts ou des bureaux, pour lesquels l’installation est optimale. En France, le marché est poussé par de nouvelles réglementations ambitieuses, avec un besoin de mise aux normes des bâtiments sur les aspects énergétiques et environnementaux. Les solutions de production d’énergies renouvelables sur bâtiments sont encore dures à intégrer dans une logique financière mais leur démocratisation les rend de plus en plus rentables. En parallèle, nous avons également entrepris une phase d’étude internationale, notamment en Allemagne, où l’électricité est chère et fortement carbonée. Nous prévoyons l’aboutissement de notre premier prototype à l’étranger pour 2022.

Enfin, WIND my ROOF poursuit ses activités de R&D, notamment grâce à la mise en place d’une thèse CIFRE sur les questions de conversion d’électricité.

Pour le moment, l’équipe de WIND my ROOF est composée de 3 salariés à temps plein et 1 doctorant, auxquels s’ajoute des stagiaires et des alternants. Nous souhaitons nous agrandir prochainement.

 

Propos reccueillis par Construction21, La rédaction