Néolithe : transformer les déchets ultimes en granulat

Construction 21, partenaire du Grand Prix de l’Innovation Construction Durable et Cadre de Vie 2020, a réalisé une série d’interviews des 9 finalistes du concours d’innovation organisé par Domolandes. Retrouvez la start-up qui a décroché la seconde place de l’édition 2020 : la start-up NEOLITHE

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30 millions de tonnes de déchets sont enfouis ou incinérés chaque année en France. En parallèle, c’est 400 millions de tonnes de granulats qui sont utilisés pour la construction. Face à ce constat, la start-up Néolithe a mis au point une fossilisation des déchets non-recyclables en granulats réutilisables par l’industrie du bâtiment. Entretien avec Nicolas Cruaud, Président de Néolithe et lauréat du Grand Prix de l’Innovation 2020 organisé par Domolandes.

Comment valorisez-vous les déchets ultimes ?

Nicolas Cruaud : Les déchets ultimes sont le reliquat d’un cycle de traitement complexe des déchets ménagers et industriels. S’ils ne sont pas valorisés, ils sont enfouis ou incinérés. Avec Néolithe, nous sommes en mesure de fossiliser n’importe quel type de déchet non-inerte et non-dangereux en des matières minérales. Les granulats issus de ce processus peuvent ensuite être utilisés comme matières premières dans l’industrie de la construction, notamment dans la fabrication de béton et de routes.

Le principal avantage de notre solution est sa légèreté. Elle est opérationnelle en une journée et sur n’importe quel site ou chantier, grâce à de simples branchements aux réseaux d’eau et d’électricité.

En quoi votre projet ouvre la voie à un traitement plus écologique des déchets ?

N. Cruaud : Notre procédé est plus vertueux que l’incinération et l’enfouissement. Pour une tonne de déchets fossilisés, on évite la libération de plus d’une demi-tonne de carbone dans l’atmosphère. Appliqué à l’échelle nationale, ce procédé réduirait de près de 5% les émissions de gaz à effet de serre françaises.

De plus, Néolithe peut s’implanter à côté de n’importe quelle usine ou chantier et sur n’importe quelle plateforme de tri. Traiter les déchets au plus proche de leur production évite non seulement leur transport, mais permet également une réduction drastique de ceux traités à l’extérieur du chantier. De la même manière, les déchets issus des sites de déconstruction peuvent être transformés sur place et être directement réutilisés comme matière première.

On parle fréquemment d’indépendance énergétique. Avec la mise à disposition d’un FOSSILISATEUR, le principe est le même. Les collectivités et les industriels deviennent plus autonomes sur les déchets et en maitrisent la gestion et la valorisation.

Comment les déchets sont-ils transformés en granulats ?

N. Cruaud : Néolithe est une solution qui reprend exclusivement les déchets ultimes non-inertes et non-dangereux. Son approche « prêt à fonctionner » se présente sous la forme d’un ensemble de conteneurs maritimes, qui ont la capacité de traiter jusqu’à 10 tonnes de déchets par jours. Cela représente près de 2 500 tonnes par an.

Dans le premier conteneur, les déchets sont broyés afin d’obtenir une poudre de 0-600 microns. Dans le second, est ajouté un liant dans lequel réside toute l’expertise de Néolithe. Ce liant bas carbone permet de rendre les déchets inertes et de les restructurer. Le granulat issu de ce système possède une résistance comparable à celui collecté en carrière. Il est composé à 80% de masse de déchets et 20% de liant. Il pourra être utilisé en tant que matière première dans le secteur du BTP, en renforçant une sous-couche routière ou en s’intégrant à une formulation de béton traditionnelle, de fondation ou de propreté.

Quelles sont vos perspectives pour le futur de Néolithe ?

N. Cruaud : Nous sommes actuellement à la fin de notre phase de R&D. Notre pilote industriel, qui sortira en janvier 2021, sera ouvert à la visite au public près d’Angers. Ce pilote prendra en charge des déchets du BTP et aura la capacité de produire plusieurs centaines de kilos par jour. Dans un second temps, une fois nos granulats certifiés, nous construirons notre FOSSILISATEUR DEMONSTRATEUR. Il aura la capacité de traiter 2500 tonnes de déchets par an, ce qui nous permettra de nous présenter comme une alternative crédible à l’incinération et l’enfouissement.

Nous nous adressons donc en priorité aux industriels du BTP qui doivent gérer leurs déchets et aux acteurs de leur collecte. Souvent, ces industriels ont une collecte et une plateforme de tri sur leurs chantiers, mais pas de site d’enfouissement. Un FOSSILISATEUR temporaire leur faciliterait donc grandement la tâche. Au niveau des collectivités, la mise à disposition d’un FOSSILISATEUR leur permettrait d’avoir une politique locale active dans la gestion de leurs déchets.

Que vous a apporté votre suivi par Domolandes ?

N. Cruaud : Après deux ans de suivi par Domolandes, nous avons remporté leur Grand Prix de l’Innovation. En plus de ce titre, notre participation nous a donné l’occasion de nous faire des contacts dans tout le secteur du BTP et même de gagner un actionnaire.

https://neolithe.fr/

Bonne année 2021

Toute l’équipe du Technopôle Domolandes vous souhaite une excellente année 2021.

2020 a éprouvé notre résilience et notre capacité d’adaptation, 2021 nous redonne espoir en des jours meilleurs !

Nous sommes tous déterminés à revivre ce qui nous a manqué en 2020, tout en conservant ce que nous avons réussi à accomplir ensemble face à la crise : innovation, solidarité et dépassement de soi.

Circouleur : la peinture se recycle

Construction 21, partenaire du Grand Prix de l’Innovation Construction Durable et Cadre de Vie 2020, a réalisé une série d’interviews des 9 finalistes du concours d’innovation organisé par Domolandes. Cette série débute par le premier prix : la start-up CIRCOULEUR.

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 28 millions de litres inutilisés et un impact carbone de 150 000 tonnes de CO2 dégagées dans l’atmosphère : c’est le bilan carbone de la peinture chaque année en France. En collectant, revalorisant et transformant des peintures usagées, la start-up Circouleur propose des peintures écologiques et recyclées avec un impact environnemental très faible. Lauréate du Grand Prix de l’Innovation Construction Durable & Cadre de Vie organisé par le Technopôle Domolandes, la start-up a séduit le jury avec son concept d’économie circulaire, appliqué à un produit de large diffusion. Entretien avec Marianne Rittaud, Directrice Commerciale et Marketing de Circouleur.

1. Comment en vient-on à recycler de la peinture ?

Marianne Rittaud : Avant la création de Circouleur, il n’existait pas de filière de valorisation de la peinture acrylique. Cela tombait pourtant sous le sens de valoriser cette matière. La peinture est un produit de grande diffusion, mais conserve un cycle de vie très linéaire. Les fabricants achètent des matières neuves pour leurs peintures et les restes sont directement envoyés à l’incinération. Ce modèle a un impact environnemental très fort. L’ADEME a calculé que chaque année, 28 millions de litres de peinture étaient envoyés à l’incinération. Cela représente près de 150 000 tonnes de CO2 qui pourrait être évités dans l’atmosphère.

Face à ce constat, Circouleur se propose de réutiliser les fonds de peintures destinés à l’incinération. Nos produits neufs sont ainsi composés à plus de 70% de peinture recyclée. Ils sont d’excellente qualité, puisque nous reformulons ensuite en laboratoire les peintures que nous récupérons.

 

2. La peinture est un des principaux émetteurs de COV dans un bâtiment. Utiliser une peinture recyclée a-t-il un impact sur la qualité de l’air intérieur ?

M. Rittaud : Tout à fait, recycler signifie réutiliser une peinture qui a déjà été ouverte et a donc perdu une bonne partie de sa nocivité. Classées A+, nos peintures émettent peu de COV et figurent même parmi les émissions les plus basses du marché. Là où la certification A+ requiert moins de 1000 microgrammes/m3, les nôtres en émettent moins de 30. C’est un véritable plus pour les professionnels qui utilisent nos produits.

 

3. Votre démarche est aussi très tournée vers le développement durable

M. Rittaud : Oui ! Utiliser nos peintures revient à diviser l’impact carbone par plus de 12. Nous travaillons par ailleurs dans une démarche d’Économie Sociale et Solidaire : les postes de tri de peintures sont attribués à des personnes en réinsertion professionnelle.

Notre entreprise a été créée sur un vrai fondement écologique, afin de proposer une filière de produits circulaires et respectueuse de l’environnement. Nos pots sont également issus du recyclage et notre mode de fabrication est largement moins énergivore que des fabrications habituelles de peinture.

 

4. Comment produit-on une peinture recyclée ?

M. Rittaud : Nous fabriquons les peintures recyclées CIRCOULEUR à partir de fonds de pots de peintures inutilisés. L’enjeu principal est de proposer une qualité haut de gamme et des teintes constantes. Circouleur a donc dû développer une double expertise : celle de la connaissance du déchet et celle de la reformulation des fonds de peinture récupérés.

Pour réussir ce pari de maintenir la même qualité et la même teinte d’une production à l’autre, notre équipe est composée de 11 collaborateurs, dont la moitié sont des chimistes !

Nous avons décidé de fonctionner avec notre propre nuancier, afin de répondre à la fois aux contraintes techniques car nous récupérons tous types de couleur, et à la demande du marché. Nous avons travaillé avec un cabinet de tendances parisien pour nous aider dans cette démarche. Nous proposons actuellement une gamme de 15 couleurs, dont le blanc, ainsi qu’une impression, blanche également, pour préparer les supports.

 

5. Pourriez-vous décrire une de vos réalisations emblématiques ?

M. Rittaud : Notre champ de réalisations est très vaste. Mais s’il fallait en retenir deux, je citerais l’un de nos premiers projets : la rénovation écologique d’une école Montessori à Bordeaux. Ces écoles ont pour vocation de montrer aux enfants que chaque action portée peut avoir un impact environnemental et sanitaire.  Ce projet était donc très aligné avec les valeurs qui nous tiennent à cœur.

L’autre exemple serait notre travail sur le long terme avec un bailleur social, très engagé dans l’environnement et le solidaire. Celui-ci utilise nos peintures pour rénover des logements. Nous leur transmettons ainsi des reportings réguliers pour souligner l’impact environnemental et social de leurs commandes : quel tonnage de déchets a été sauvé, à combien d’heure de réinsertion ils ont contribué, etc.

 

6. A quel type de clients vous adressez-vous ?

M. Rittaud : Nous avons défini deux cibles différentes. La première gamme s’adresse au grand public, qui peut trouver nos produits en grande surface de bricolage ou dans des magasins de décoration. La seconde vise les professionnels, prescripteurs et maîtrises d’ouvrages, maîtrises d’œuvre comme des bureaux d’étude ou des architectes ayant la volonté de réduire leur empreinte carbone ou d’améliorer la qualité de l’air intérieur de leurs bâtiments.

 

7. Quelle importance a revêtu votre prix au concours Domolandes ?

La participation au concours Domolandes nous a apporté une très belle visibilité, à la fois en amont mais aussi le jour de la remise des prix, au Moniteur Innovation Day. Nous avons pu y rencontrer un public très intéressé par la construction durable. De même, le concours nous a permis de faire des connections avec les membres du jury et d’amorcer des relations avec des entreprises ou d’autres start-up. On les remercie encore pour ces belles opportunités !

Marianne Rittaud (Circouleur) et Marie-Luce Godinot (Directrice Innovation et Développement Durable chez Bouygues Construction) accompagnées par Hervé Noyon (Domolandes) et Fabien Renou (Rédacteur en chef du Moniteur)

Implanté dans les Landes à l’initiative du Conseil Départemental et de la Communauté de Commune Maremne Adour Côte Sud, le Technopôle DOMOLANDES favorise l’innovation et accompagne les entreprises vers le numérique, la construction durable et la solidarité.

Domolandes rassemble un écosystème d’acteurs publics et d’entreprises privées autour d’un centre de ressources et de développement propice à la performance des entreprises. Il stimule la transition numérique auprès des acteurs de la construction et encourage la lutte contre la précarité énergétique pour l’Habitat de demain.

Pôle d’excellence, Domolandes organise chaque année, depuis 2012, le Grand Prix de l’Innovation Construction Durable & Cadre de Vie qui identifie et récompense les projets les plus innovants de la filière Bâtiment sur le plan national. Ce concours a généré aujourd’hui plus de 1 000 manifestations d’intérêt, 500 dossiers étudiés, 76 start-up retenues pour le Grand Jury, composé des Présidents et Directeurs Généraux des grands acteurs du Bâtiment et d’experts de l’innovation et de la création d’entreprises, et 20 lauréats récompensés.

Le compacteur COMPOSTEKO : réducteur, recycleur de mes déchets organiques

Jean Daudignac, candidat du Grand Prix de l’Innovation 2020 et porteur du projet compacteur COMPOSTEKO, a reçu le soutien financier d’ADI Nouvelle-Aquitaine.

Cette aide va lui permettre de finaliser la mise sur le marché courant 2021 du produit définitif.

Si vous souhaitez soutenir son aventure, n’hésitez pas à nous contacter pour être mis en relation.